L’observation et la surveillance des écosystèmes côtiers menées par les scientifiques montrent leur dégradation progressive, due à des menaces parfois naturelles, mais le plus souvent causées par des actions humaines.
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Les côtes de l’île de la Réunion sont soumises à une érosion sans précédent. Le récif corallien, qui les entoure et les protège contre ce phénomène, se dégrade en effet plus rapidement que la normale suite à des impacts anthropiques chroniques accentués par des évènements extrêmes de plus en plus fréquents (réchauffement prolongés des eaux de surface, cyclones, etc.).
Au Kenya, on estime que la mangrove a reculé d’environ 20% entre 1985 et 2009. Les deltas plongeant dans l’océan Indien évoluent eux aussi rapidement du fait de modifications importantes du flux d’eau douce provenant de l’amont des fleuves : déforestation des bassins-versants, prélèvements d’eau douce à grande échelle pour l’agriculture et construction de barrages.
Préservation des ressources
Partant de ces observations et des systèmes de surveillance des côtes, les chercheurs de l’IRD et leurs partenaires mettent en œuvre des projets de recherche agissant directement pour la préservation et le partage équitable des ressources apportées par les écosystèmes côtiers de la région. Face à la complexité des défis communs à tous les pays de la région, ils fournissent les informations et les données nécessaires à des politiques de conservation d’envergure.
« Les scientifiques disposent de nombreuses données et connaissances sur les milieux naturels et leurs vulnérabilités. Pourtant, les politiques publiques ne les prennent que partiellement en compte » expose Stéphanie Duvail, géographe à l’IRD rencontrée lors de notre escale au Mozambique. Elle est co-porteuse du projet DiDEM, une initiative régionale lancée en juillet 2020, dédiée à la prise en compte des connaissances scientifiques et des besoins des usagers dans la prise de décision en matière de gestion des zones littorales et marines de l’océan Indien occidental. L’idée est de soutenir les acteurs de la zone à prendre des décisions éclairées, respectueuses des dynamiques environnementales et encourageant une répartition équitable des ressources.
Des outils pour aider les décideurs
Sur la base des travaux de recherche déjà effectués dans la zone, les partenaires du projet souhaitent déployer des méthodologies et des outils innovants pour aider les décideurs ; former des experts pouvant conseiller les décideurs locaux ; et impliquer la société civile par l’éducation des jeunes et l’appui aux dynamiques partenariales multi-acteurs. Le projet se déroulera dans 7 pays de la zone et se concentrera sur trois zones d’études : les îles et archipels, les deltas et la haute-mer.
Ce projet est accompagné par la jeune équipe associée à l’IRD travaillant sur la gouvernance des ressources naturelles au Mozambique, ITANGO-MOZ. L’équipe travaille à la définition d’outils et d’approches innovantes pour cette gestion. Dinis Juizo, ingénieur en hydrologie de l’Université Eduardo Mondlane, coordonne le projet : « nos réflexions interdisciplinaires visent à réconcilier protection de l’environnement et lutte contre la pauvreté grâce à de nouvelles approches proposées aux décideurs ».
Des citoyens engagés
Face aux facteurs menaçant les écosystèmes côtiers, le grand public a aussi son rôle à jouer. De nombreux projets de recherche incluent ainsi des actions d’information des citoyens sur l’état de santé des côtes sur lesquelles ils vivent et de sensibilisation aux actions qu’ils peuvent mettre en place pour changer les choses, sur la base des connaissances scientifiques.
Le projet PAREO, mené à la Réunion, à Maurice et aux Seychelles, est l’un d’eux. Grâce à l’utilisation des nouvelles technologies et à la mallette pédagogique MARECO, des dizaines d’enfants de chacun de ces pays suivent un programme ludique et interactif de sensibilisation à l’importance des récifs coralliens.
Citoyens de demain
« Les enfants sont les citoyens de demain, commente Lola Massé, porteuse du projet. Après avoir participé, ils deviennent de véritables ambassadeurs de leurs récifs. Ils font partie du changement et peuvent ensuite sensibiliser leurs familles, qui influent à leur tour sur les politiques publiques. »
Dernière escale en Afrique du Sud, où Jean-Pascal Torréton, représentant de l’IRD, conclut : « Informer le public et les décideurs sur la base des recherches scientifiques est au cœur de nos missions. Cela fait partie des solutions pour sauvegarder les littoraux de la région. »
Cet article a d'abord été publié par l'IRD.