Comment sauver l'igname en Afrique de l'Ouest ?

Plan d'igname au Burkina Faso ©Wikipédia

Les rendements des cultures d'igname baissent au fil du temps. En cause : la dégradation des sols. Les scientifiques ont pourtant des solutions. 

L'igname est devenue indispensable à la sécurité alimentaire d'au moins 60 millions de personnes en Afrique. Sa surface de production est passée de près d’un million d’hectares en 1961, à plus de 7 millions en 2014, pour une récolte totale de 62 millions de tonnes par an. Mais la pérennité de cette ressource est en danger : la culture de l'igname dégrade les sols. Une récente revue présente des solutions mises en oeuvre dans le monde entier et qui devraient permettre aux chercheurs de mieux aider les agriculteurs en Afrique de l'ouest.

En 2009 déjà, les cultivateurs d’igname s’inquiétaient  : une étude publiée par un chercheur du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), pointait alors que l’un des sujets de préoccupation des producteurs d’igname était de redonner de la fertilité aux sols. En cause, l’utilisation intensive des terres. La culture de l’igname est longue : on plante en mai pour une récolte en décembre. La terre n'a donc pas le temps de se régénérer au cours de l'année. De plus, les paysans d'Afrique de l'Ouest utilisent peu d’engrais et pratiquent peu la jachère.

Pour répondre à ces inquiétudes un programme a été créé : Yamsys, financé par le Fond national Suisse de la recherche scientifique (FNS) et l’Agence Suisse pour le développement et la coopération. Celui-ci vise à améliorer les connaissances sur l’igname, et donc la production. Les chercheurs du programme ont observé que dans la plupart des exploitations, seules 10 tonnes d’ignames étaient récolté par hectare, alors que le rendement devrait théoriquement être de 50 tonnes.

Renouer le dialogue entre chercheurs et cultivateurs

C’est dans le cadre de Yamsys qu’une "méta-étude", l'analyse d'un grand nombre d'articles scientifiques proposant des solutions, vient d’être publiée. Ces articles publiés entre 1989 et 2015 proviennent d’Afrique, mais aussi de Puerto Rico ou encore d’Inde, car les recherches sur l’igname sont peu développées à l'échelle mondiale.

Emmanuel Frossard, de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, en Suisse, dirigeait cette étude, menée par une équipe de chercheurs notamment nigérians, ivoiriens et burkinabés. Pour lui, il était important de réunir ces différentes solutions car les producteurs locaux sont peu réceptifs aux travaux scientifiques. Il a notamment expérimenté cette méfiance sur les terrains de recherches de Yamsys, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Selon lui, le problème vient notamment du fait que « des groupes de recherche qui ont pu venir voir les paysans n’ont pas fait attention aux besoins spécifiques de ces derniers et sont repartis sans améliorer la situation. Il faut arriver à un dialogue pour trouver leurs priorités, pour construire durablement à partir de là ».

"Pas de recette magique"

À l’aide de cette méta-étude, Emmanuel Froissard peut donc appuyer l’importance d’appliquer ces différentes solutions sur le terrain et ainsi convaincre les producteurs locaux. Cela représente selon le chercheur « le principal défi ». Parmi les solutions envisageables pour sauver les sols, outre les engrais, il est par exemple possible de mettre des légumineuses dans les champs. Ces dernières aident les sols à se revitaliser, en fixant notamment l'azote de l'air. Mais cela nécessite de l’attention, car par le passé, des agriculteurs se sont retrouvé envahis par ces plantes, et les dégâts pour les exploitations ont été importants.

« Il n’existe pas de recettes magiques », explique Emmanuel Frossard. Et trouver la bonne solution à un endroit particulier est long, en raison du temps nécessaire à la pousse de l’igname. De plus, pour les essais en laboratoire, il faut de la place : un seul plan nécessite un mètre carré. Yamsys essaye donc de faire collaborer durablement les chercheurs et les agriculteurs grâce notamment à des ateliers et à des plateformes de conseils.

Anthony Audureau

Source : E. Frossard, Frontiers In Plant Science, 8, 1, 2017

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