Revenir en Afrique après un doctorat en Europe ne signifie pas nécessairement une carrière à l'université ou dans le service public. Komminist Weldemariam est chercheur et manager chez IBM Research Africa, au Kenya, et pour lui, c'est la meilleure situation possible.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Komminist Weldemariam. Je travaille pour IBM Research dans un laboratoire en Afrique. Je suis en charge des recherches sur l’intelligence artificielle et sur la blockchain. Je suis originaire d’Éthiopie et je vis aujourd’hui entre Nairobi et Ottawa.
Pourquoi avez-vous choisi de faire votre doctorat en Europe ?
Mes déménagements ont toujours été motivés par la curiosité. Et par la volonté de connaître la culture des personnes : j’aime m’immerger dans mon environnement scientifique.
Pourquoi avez-vous choisi de revenir en Afrique après votre doctorat ?
Beaucoup de personnes jugent l’Afrique d’un point de vue négatif. L’éducation, la santé, les transports, la finance, la fintech… Mais pour moi, ces problèmes sont des opportunités de mettre au point des solutions. En outre, en Afrique, si vous résolvez une difficulté, même partiellement, cela a des conséquences importantes. Dans le domaine de la santé vous sauvez des vies. Dans l’éducation, vous permettez que des individus acquièrent des compétences utiles.
Que diriez-vous aux jeunes Africains qui font leur doctorat en Europe et veulent retourner en Afrique ?
Ne vous méprenez pas. Il y a des difficultés, liées aux libertés de s'exprimer ou de circuler par exemple. Mais ces problèmes créés par l'homme ne m’inquiètent pas, car on peut facilement les résoudre. Le problème est que beaucoup de personnes qui rentrent espèrent retrouver la même chose qu’en Europe. Nous devons changer cette mentalité. Lorsque ce sera fait, nous traiterons l’Afrique comme l’Afrique, un problème comme un problème, et nous ferons partie de la solution. Personnellement je suis heureux, heureux comme je ne l’ai jamais été auparavant.
Propos recueillis par Anthony Audureau