Partir étudier en Europe en ayant déjà préparé son retour en Afrique : c'est ce qu'a fait Mariamawit Yonathan Yeshak. Après six ans en Suède, elle a retrouvé à l'université d'Addis-Abeba un poste qu'elle n'avait jamais réellement quitté.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Mariamawit Yonathan Yeshak, je viens d’Éthiopie et je suis professeure assistante en pharmacognosie à l’université d’Addis-Abeba. La pharmacognosie est l’étude chimique de produits naturels et de leurs potentielles utilités biologiques.
Pourquoi êtes-vous allée en Europe pour votre doctorat ?
Ce n’était pas une décision mais une opportunité. Mon institut et l’université d’Uppsala ont obtenu un financement bilatéral de l'Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (Sida). Le projet comprenait quatre postes de doctorants. J’en ai remporté un, ce fut le début de mon aventure suédoise.
Pourquoi êtes-vous rentrée en Afrique après votre doctorat ?
Je savais que je reviendrais en Éthiopie le jour où je suis arrivée en Suède, mais il y a des facteurs qui ont facilité ce retour. J’étais en contact permanent avec mon université en Éthiopie. Je m’y rendais régulièrement pour donner des cours et réaliser des projets. De plus mon poste était garanti. Le second facteur est que j’ai reçu de l'argent de la part du Sida pour lancer mon propre projet à mon retour. Et enfin, j’ai conservé des liens familiaux en Éthiopie. Mon mari était à Addis-Abeba durant tout mon séjour en Suède avec mes deux filles. Tous ces facteurs m’ont aidée à revenir. Mais je savais malgré cela que je reviendrais.
Avez-vous eu des difficultés lors de ce retour ?
Pas vraiment. Côté suédois, ils ont tout fait pour faciliter mon retour. Quand je suis revenue, mon université avait bloqué mon poste. Socialement je n’ai pas eu de problème à m’intégrer… Non, ça a été un retour en douceur.
Que diriez-vous aux jeunes Africains qui font leur doctorat en Europe et veulent retourner en Afrique ?
Je citerai l’un de mes professeurs : en revenant, il était un gros poisson dans un petit bocal ; sinon, il aurait été un petit poisson dans un grand bassin. Rentrer est une satisfaction personnelle. Vous servirez votre pays, et cela est satisfaisant. De plus, vous serez important, votre contribution sera importante, et vous serez pertinent par rapport au manque de personnes éduquées qui reviennent sur le continent.
Propos recueillis par Anthony Audureau