Une chercheuse malgache partage son expérience de retour après des études en France
Je m'appelle Tantely Razafimbelo, je viens d'Antananarivo, une grande ville de Madagascar. Je suis enseignant chercheur et actuellement j'occupe le poste de directeur du Laboratoire des Radioisotopes qui est un laboratoire de recherche rattaché à l'université d'Antananarivo.
Pourquoi êtes-vous allée faire votre doctorat en Europe?
J'étais partie en Europe pour faire mon doctorat parce qu'à mon époque, pour continuer en doctorat, il a fallu faire un DEA, un diplôme d'études approfondies, et à l'époque, faire un DEA ça prenait environ 3 ans, donc pour aller plus vite j'ai décidé d'aller en France. D'autant plus qu'il n'y avait pas de DEA en sciences du sol à l'université à l'époque.
Quel a été le plus grand obstacle pour revenir à Madagascar?
Après le doctorat, j'ai effectivement essayé de trouver des postes d'enseignant chercheur ou de chercheur en France, parce que je savais qu'à Madagascar, à l'époque, le risque de trouver un poste sur place était très difficile. Le recrutement des enseignants chercheurs a été bloqué depuis très longtemps, et c'était une situation qui était connue de tout le monde que c'était très très difficile de trouver un poste localement. J'ai réussi à trouver un poste parce que j'étais vraiment arrivée au bon moment. Parce que l'année où je suis rentrée, donc c'était en 2006, c'était la première année où il y a eu vraiment un recrutement massif d'enseignants-chercheurs au niveau de l'université, parce que la Banque Mondiale et le FMI ont enfin autorisé le gouvernement malgache à procéder à des recrutements. Donc comme tous les candidats qui étaient là depuis plus de 20 ans étaient trop vieux pour candidater, j'étais parmi les plus jeunes qui ont pu obtenir rapidement le poste.
Que diriez-vous aux jeunes Africains en doctorat en Europe pour les inciter à revenir en Afrique?
Je dirais que revenir d'abord, ce n'est pas si évident que ça, ce n'est pas facile, mais il faut le vouloir. Et une fois que vous le faites, que vous êtes décidé à rentrer, finalement sur place vous pouvez trouver des opportunités si vous y mettez du vôtre. Il ne faut pas tout simplement attendre qu'un poste s'ouvre, il faut vraiment taper à toutes les portes et explorer toutes les opportunités.
Propos recueillis par Luc Allemand