L'ensemble des acteurs sociaux doivent participer à la définition des axes de la recherche, pas seulement les universitaires.
« Le quatrième aspect, c’est la question du financement, c’est effectivement une grosse difficulté.
Il n’y a pas de budget dédié à la recherche. Mais il y a deux choses.
La première, c’est le financement de la recherche individuelle, qui est plus un financement institutionnel, c’est l’accompagnement individuel des enseignants-chercheurs et des chercheurs dans le cadre de leur projet de recherche.
Il n’est pas tellement structuré, au point qu’on a un peu le sentiment qu’il n’y a aucun financement pour la recherche. En réalité c’est un financement diffus.
Il est extrêmement diffus parce que chaque catégorie de chercheur, chaque catégorie d’enseignant, a un budget tout à fait autonome qui n’est pas centré autour d’un objectif principal de recherche.
Et l’effort en ce moment de la politique nationale de recherche, c’est de mettre en place une vision qui permette de drainer toutes ces ressources vers un objectif ou vers quelques objectifs précis.
Cinquième aspect, c’est les politique de bourse et on ne revient pas dessus.
Sixième aspect, c’est la mise en place d’une politique nationale de recherche. Avec tous les acteurs. Nous nous sommes un peu inspirés de la Corée, où on a un ministère en charge de toute l’éducation et de la formation, du préscolaire au supérieur. Avec une forme de cohérence dans la formation.
C’est-à-dire que si on veut former des scientifiques il faut que ça commence au préscolaire. Il ne faut pas qu’on attende l’université pour découvrir qu’on n’a que des littéraires. Et que les formations qui sont dispensées ne permettent pas de faire face aux besoins de l’économie.
Donc il faut mettre en place une politique cohérente de formation, une politique cohérente de recherche de façon à prendre en charge les besoins de développement. Et le dernier point, c’est la question de la gouvernance. Le cadre institutionnel de la recherche et de la formation est réfractaire au changement. Il y a une forme de prétention des chercheurs et des universitaires à penser qu’il sont le centre du monde. Or en réalité, il ne sont qu’une partie du monde et ils ont besoins des autres.
Ce qui fait que dans les structures de gouvernance, que ce soit les conseils d’administration, les conseils académiques, on a fait venir les entreprises de façon à ce que celles-ci puissent exprimer leurs désirs dans le cadre de l’élaboration des curricula. Cela a été un grand combat, qui nous a valu une longue grève, mais tout le monde admet maintenant que l’université c’est l’université d’un pays et non celle des universitaires, et que ce n’est pas la recherche des universitaires. C’est la recherche de l’ensemble de la population.
Les universités, les chercheurs, doivent justifier les énormes ressources qui sont mises à leur disposition pour pouvoir rendre compte du service qu’ils ont permis de régler au sein de la société. Sinon, ils n’ont pas de légitimé à prétendre à autant de pouvoirs et autant de responsabilités. »