Financements locaux ou financements internationaux? Les avis sont partagés.
Question : « Comme François l’a indiqué, les études expérimentales coûtent excessivement cher en Afrique. Quand on parle de fonds, souvent, on a tendance à regarder vers l’extérieur. Est-ce qu’il n’est pas temps, quand on veut vraiment du financement, de regarder vers les entreprises qui sont en Afrique, plutôt que de se retourner vers l’Europe ? »
Alpha Kabinet Keita : « Aujourd’hui, faire de la recherche en Afrique ce n’est pas simple. Il y a plusieurs facteurs qui montrent cette difficulté. Aujourd’hui, j’ai écouté beaucoup de personnes intervenir dans plusieurs panels. C’est bien beau de penser que nous pouvons aller de l’avant en comptant sur nos propres moyens mais moi je dis souvent : « restons pragmatiques ! » Nos pays, la plupart du temps, ont d’autres priorités. Si on perd ça de vue il y a des choses que nous ne pourrons jamais faire. Donc, pour faire de la recherche dans les condition de la majorité des pays africains, je pense qu’aujourd’hui notre salut réside dans la collaboration. Parce que de toutes les façons, ce qu’il ne faut perdre de vue, c’est que l’Afrique ne pourra pas réinventer la roue. Il y a beaucoup de choses qui ont été déjà faites. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles on a déjà une base. On part de là pour essayer de développer nos propres stratégies, adaptées aux spécificité africaines. Donc si nos pays aujourd’hui ont la possibilité de développer ce qu’on appelle des politiques nationales de recherche, il peut y avoir aussi des politiques africaines de recherche, et ces politiques africaines de recherche peuvent être mises en œuvre en faisant des collaboration sud - sud, comme d’autres personne l’ont dit aujourd’hui, mais également des collaboration entre le sud et le nord. L’Institut de Recherche pour le Développement est un exemple parfait qui illustre cette collaboration qui aide l’Afrique à faire de la recherche en Afrique pour les Africains et par des Africains. Se concentrer sur uniquement des institutions nationales pour obtenir des financements et faire de la recherche au niveau mondial, c’est peut être possible pour quelques pays africains, mais pour la majorité, ça reste utopique. »
Veronica Okello : « Il n’est pas toujours bon de demander de l’argent, mais lorsqu’on fait face à une situations difficile, il faut essayer de trouver des solutions locales. Tout d’abord pour trouver du financement. Dans mon pays le Kenya, nous avons le Fonds National de Recherche, qui essaie de promouvoir des projets de recherche qui se concentrent sur les objectifs du développement durable. Et au sein des universités, nous avons des fonds pour la recherche orientés vers les étudiants et les chercheurs. Donc ils essaient de donner une priorité à l’élaboration de propositions de projets et de leur donner des fonds qui leurs permettent de mener à bien des projets de recherche qui pourrait aider à résoudre les problème locaux. J’estime que l’Afrique ne s’en sort pas si mal. En tout cas, on fait de notre mieux. »
François Piuzzi : « Il y a énormément d’étudiants dans les premières années, par exemple en physique. J’ai visité plusieurs universités africaines et je suis allé voir les laboratoires où ont lieu les travaux pratiques : c’était difficile. Alors comment faire quand il y a beaucoup d’étudiants et peu de matériel ? Il faut essayer de trouver du matériel bon marché et les méthodes dont je vous ai parlé permettent de construire du matériel pour les travaux pratiques. Il faut essayer de les mettre en place, il ne faut pas dire que ce n’est pas possible. On peut les mettre en place. On peut améliorer un peu la situation. »