Un nouveau moyen de rassembler les cristallographe africains.
L'Afrique est un continent plein de possibilités. Elle a la population la plus jeune au monde et des ressources naturelles abondantes, bien qu'elle soit aussi le continent le plus pauvre et le moins développé. La croissance de la science et de la technologie en Afrique est très importante pour développer cet énorme potentiel et entraîner des changements durables dans la vie de ses 1,2 milliard d'habitants.
La cristallographie, à la base de beaucoup de sciences, pourrait être un vecteur de ce changement. Le développement de la cristallographie en Afrique favorisera la coopération scientifique entre les 54 pays du continent et apportera des solutions à nombre de ses problèmes urgents dans des domaines tels que les produits pharmaceutiques, l'agriculture, les matériaux à valeur ajoutée et les mines.
Aujourd'hui, l'Afrique du Sud, l'Algérie, le Cameroun, l'Égypte, le Maroc, l'Afrique du Sud et la Tunisie sont représentés à l'IUCr par des organismes adhérents. Cependant, il existe des cristallographes dans de nombreux autres pays africains. Afin d'améliorer la communication entre eux et d'accroître l'expertise dans ce domaine, l'idée d'une Association africaine de cristallographie a germé.
Les origines
L'initiative Cristallographie en Afrique de l'IUCr, lancée en 1999 sur proposition de Jan Boeyens et actuellement présidée par Claude Lecomte, travaille depuis un certain temps à promouvoir le développement de la cristallographie sur le continent. Au cours de l'Année internationale de la cristallographie, en 2014, l'une des trois réunions au sommet IUCr-UNESCO s'est tenue à Bloemfontein en Afrique du Sud. Le sommet, organisé par André Roodt sur le thème « La cristallographie comme moyen de promouvoir la science en Afrique et au-delà », a été précédé d'une conférence sur la cristallographie en Afrique. L'un des résultats du sommet a été un appel pour le lancement et le soutien d'une collaboration scientifique régionale, en particulier en cristallographie. Cet appel, signé par 73 participants au sommet, envisageait la création d'une Association africaine de cristallographie, l'AfCA. Un comité directeur pour la formation de l'AfCA, présidé par André Roodt, a été formé lors de cette réunion. Il était composé de représentants de près de 30 pays d'Afrique. La cérémonie de clôture de l'Année internationale, qui s'est tenue au Maroc en avril 2015, a comporté une conférence sur le thème « Cristallographie pour la prochaine génération ». Lors de cet événement, une lettre d'engagement a été signée, qui comprenait des résolutions visant à renforcer les capacités en cristallographie dans les pays en développement.
Vers l'AfCA
En 2016, la première Conférence panafricaine sur la cristallographie (PCCr1) a été organisée à Dschang, au Cameroun. Le thème de cette conférence très réussie était « La cristallographie pour le développement durable en Afrique ». Outre les communications orales et par affiches, deux tables rondes importantes ont été consacrées respectivement à « La cristallographie comme vecteur de promotion de la science en Afrique et au-delà » et à « L'équipement des laboratoires africains et la source de lumière africaine, AfLS ». Au cours de ces deux réunions, les moyens de créer l'AfCA ont été discutés.
Un certain nombre de délégués africains ont assisté au 24e Congrès de l'UICr à Hyderabad, en Inde, en 2017, au cours duquel il y a eu deux réunions sur la cristallographie en Afrique. La première était une séance ouverte sur « La cristallographie dans les pays émergents : projets pour un développement durable des infrastructures d'éducation et de recherche en Afrique ». L'objectif était de présenter des projets et des activités liés à la cristallographie en Afrique et de mettre en évidence les synergies possibles entre les unions scientifiques et d'autres organismes (UNESCO et ISC), afin de faciliter un développement durable des infrastructures d'éducation et de recherche en Afrique. Au cours de la deuxième réunion, le comité directeur de l'AfCA (AfCA-SC) a été restructuré dans sa forme actuelle : un représentant de chacune des cinq régions d'Afrique, ainsi que trois membres ex officio, un président et un secrétaire.
Début 2018, une conférence et un OpenLab se sont tenus à Abidjan, en Côte d'Ivoire, pour célébrer l'inauguration d'un laboratoire de diffraction contenant un diffractomètre à monocristal et un diffractomètre à poudre, à l'université Félix Houphouet-Boigny. Cette réunion a été l'occasion de renouveler l'engagement à faire avancer la création de l'AfCA.
La deuxième PCCr s'est tenue à Accra, au Ghana, en janvier 2019. Le thème de la conférence était « La cristallographie, outil pour le développement durable en Afrique ». Les membres de l'AfCA-SC se sont réunis plusieurs fois au cours de la conférence et ont fait de grands progrès dans la planification de l'association. André Roodt a quitté ses fonctions de président du comité directeur et Delia Haynes a été choisie comme nouvelle présidente. Plusieurs nouveaux membres du Comité directeur de l'AfCA-SC ont également été nommés, dont Rim Benali-Cherif et Gift Mehlana.
Le chemin à poursuivre
Depuis la PCCr2, le Comité directeur de l'AfCA a lancé une page Facebook de l'AfCA, qui offre un forum de discussion et de diffusion de l'information. Il existe également un groupe actif de jeunes cristallographes africains sur WhatsApp, créé à la suite d'une école de cristallographie au Sénégal. Les médias sociaux jouent un rôle important en maintenant le contact entre les cristallographes.
D'importants progrès ont également été réalisés dans l'élaboration d'une base de données sur les cristallographes en Afrique, ainsi que d'une liste d'équipements. Les membres de l'AfCA-SC ont des contacts dans la plupart des pays africains, et ce réseau est utilisé pour diffuser l'information.
Un processus d'appel d'offres officiel a conduit à la sélection du Kenya comme hôte de PCCr3 en 2021. Nous prévoyons de lancer officiellement l'AfCA lors de cette réunion. L'AfCA-SC travaille actuellement d'arrache-pied à l'élaboration des statuts de la nouvelle association, ainsi qu'au soutien de la formation de sociétés cristallographiques régionales représentant divers pays.
Une vision et une mission pour l'AfCA ont été développées à partir de la déclaration signée au sommet de Bloemfontein en 2014 :
« La mission de l'Association africaine de cristallographie est de contribuer à l'avancement de la science sur le continent africain par le biais de la cristallographie sous tous ses aspects, y compris les sujets connexes concernant la structure et les propriétés connexes des états non cristallins, et de promouvoir la coopération africaine en cristallographie. »
L'AfCA réalisera sa mission à travers les actions définies dans sa vision stratégique. Il s'agit notamment de créer des réseaux et des associations, d'organiser les PCCr, de soutenir des activités de formation telles que des écoles, des OpenLabs et des activités de sensibilisation. Une action significative consiste à faire pression pour l'introduction d'un visa scientifique afin d'assurer la mobilité des chercheurs entre les pays africains. Cela découle directement de la déclaration du sommet de 2014, où l'obtention de visas a été soulignée comme un véritable obstacle à la coopération scientifique en Afrique.
Le processus de création d'une association africaine de cristallographie prend de l'ampleur. Des bases solides ont été jetées sur lesquelles les cristallographes du continent pourront s'appuyer à l'avenir. C'est une période passionnante pour être cristallographe en Afrique !