Lettre d'information de la physique africaine

Résultats et recommandations de l'étude « Approche globale des écarts entre les genres en science »

Le nombre de personnes interrogées dans l'enquête mondiale par pays. Source: https://zenodo.org/record/3697223#.XmkGlqgzY2w

Un compte rendu axé sur la physique d'une enquête internationale sur les écarts entre les genres.

Nous savons que les expériences des hommes et des femmes en sciences peuvent être différentes, et nous constatons que le nombre de femmes en physique est relativement faible à l'échelle internationale. Mais sur quels faits devons-nous travailler ? Lorsque nous choisissons des initiatives visant à autonomiser les femmes et les filles, comment décidons-nous ?

Un projet de trois ans financé par le Conseil international pour la science sur « Les écarts entre les genres dans les sciences mathématiques, informatiques et naturelles : comment les mesurer, comment les réduire » vient de livrer son rapport final, disponible sur le web. Il s'agit d'une remarquable collaboration entre huit unions scientifiques (mathématiques - chef de file, chimie - co-leader, physique, astronomie, biologie, mathématiques industrielles et appliquées, informatique, et histoire et philosophie des sciences) et trois organisations mondiales (UNESCO, GenderInSITE et OWSD).

Chaque partenaire a apporté une contribution financière. Tous étaient animés par les mêmes objectifs communs : trouver des faits et proposer des solutions.

Une grande enquête

Ce projet comporte trois parties.

D'abord, nous avons interrogé des scientifiques et des étudiants en sciences du monde entier, en sept langues dont l'anglais, le français et l'arabe. 32 346 personnes de 159 pays ont répondu, dont environ la moitié était des hommes et l'autre moitié des femmes. Les résultats de l'enquête confirment malheureusement que les écarts entre les genres en science est très réel, dans toutes les régions et dans toutes les disciplines.

Une méthode d'échantillonnage en boule de neige

Les questions ont été élaborées à partir des contributions de trois réunions de scientifiques en Afrique, en Asie et en Amérique latine en 2017. Comme il n'existe pas de « liste de scientifiques » au niveau mondial, l'enquête a été réalisée selon la méthode d'échantillonnage en boule de neige : le questionnaire a été envoyé par les organisations partenaires et distribué ensuite par chaque participant. Pour cette raison, l'enquête ne fournit pas de pourcentages de femmes en sciences, mais elle donne un aperçu de leur expérience.

L'enquête et l'analyse ont été réalisées par des spécialistes en sciences sociales de l'Institut américain de physique. La préservation de la confidentialité a été une priorité absolue tout au long du projet, de la conception du questionnaire à la publication des résultats.

Les facteurs secondaires pris en compte

Les chercheurs en sciences sociales ont accordé une attention particulière à l'analyse des biais et à la détermination des résultats qui étaient statistiquement significatifs et de ceux qui ne l'étaient pas. Ils ont exploré les facteurs explicatifs potentiels, notamment l'âge (comme indicateur de la progression de la carrière), la discipline, la région géographique, le secteur d'emploi et le niveau de développement humain.

Même après avoir tenu compte de ces facteurs, ils ont constaté que les femmes étaient plus susceptibles de déclarer un salaire inférieur par rapport à leurs collègues masculins ayant des qualifications similaires, et que les femmes déclaraient avoir moins accès que les hommes aux ressources et aux possibilités de progression de carrière.

Le harcèlement sexuel

Dans le monde entier et dans toutes les disciplines, plus d'un quart des femmes interrogées ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel. Pour l'Afrique, ces chiffres, toutes disciplines confondues, sont de 22 % pour les femmes et de 4 % pour les hommes.

Pour la physique, toutes régions confondues, les résultats sont de 29 % pour les femmes et de 2 % pour les hommes, et il n'y a pas une seule discipline où la probabilité est plus faible pour les femmes que pour toute autre discipline. Le rapport explique ce que signifie le harcèlement sexuel et formule des recommandations sur la nécessité d'adopter des politiques et des lignes d'action claires.

La détermination personnelle

Il n'est pas surprenant de constater que les femmes déclarent plus fréquemment que les hommes qu'elles comptent sur leur détermination personnelle, leur volonté et leur travail pour réussir dans le domaine scientifique. Elles sont également plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir été encouragées pendant leurs études universitaires par leur conjoint ou partenaire, leurs parents et d'autres membres de leur famille.

La deuxième tâche était une enquête bibliométrique. Nous avons analysé un peu plus de 3 millions d'articles dans les bases de données zbMATH, Astronomy Data System, et arXiv. La reconnaissance automatique des genres a été utilisée pour étiqueter les noms comme « masculin », « féminin » ou « inconnu », en utilisant une méthodologie éprouvée.

Plus de femmes auteurs

Dans les articles de physique sur arXiv, la proportion de femmes parmi les auteurs d'articles scientifiques a augmenté régulièrement, passant d'environ 7 % dans les cohortes de 1992 à environ 20 % aujourd'hui. Il est intéressant de noter que la proportion d'auteurs féminins en astrophysique est environ le double de celle de tout autre sous-domaine de la physique sur arXiv.

La troisième tâche était l'assemblage de la base de données des bonnes pratiques pour les filles et les jeunes femmes, les parents et les organisations. Il existe un large éventail d'interventions possibles pour favoriser la participation des femmes dans les sciences, mais très peu ont été évaluées vis-à-vis de leur succès - ce sont celles qui nous intéressaient.

Bonnes pratiques validées

En plus des projets mondiaux, cinq initiatives validées en Afrique ont été trouvées pour être incluses dans la base de données : elles ont été menées en Éthiopie, au Kenya, en Namibie, au Nigeria et en Afrique du Sud. Il y a certainement une tendance mondiale à vérifier que les initiatives fonctionnent vraiment.

L'action la plus fondamentale, selon les auteurs, est de créer des environnements sûrs et encourageants pour tous, où les plaintes peuvent être traitées sans représailles et où les physiciens peuvent faire leur travail avec joie et dévouement.

Igle Gledhill, Afrique du Sud, Marie-Françoise Roy, France, Mei-Hung Chiu, Taiwan, Silvina Ponce-Dawson, Argentine

Cet article a d'abord été publié par l'African Physics Newsletter. ©American Physical Society, 2020. Il a été traduit en français par Afriscitech.

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