Portraits

Mahmoud Bukar Maina : « L'histoire de mon engagement avec la science »

Mahmoud Bukar Maina dans son laboratoire

Mahmoud Bukar Maina, neuroscientifique nigérian, raconte ce qui l'a inspiré à devenir chercheur, quel défi sociétal il espère relever grâce à son travail et pourquoi il croit en l'importance de raconter des histoires scientifiques et de motiver des jeunes à s'y engager.

Quand j'étais petit, je me suis intéressé à la science à cause d'un livre de mon père intitulé  « Simple Science », qui contenait des expériences simples que nous faisions souvent avec mes frères et sœurs. Toutefois, j'ai grandit au sein d'une communauté où l'on entretenait de nombreuses idées fausses sur la science, tant sur le plan culturel que sur le plan religieux.

Certains enfants chantaient souvent une chanson qui disait qu'on irait en « Enfer » pour avoir osé penser à devenir scientifique. Cette mentalité a conduit à la montée du groupe terroriste Boko Haram, qui a failli me tuer en 2013 lors de l'un de mes déplacements pour faire de la vulgarisation scientifique, et qui a détruit mon lycée (FGC Buni Yadi) en 2014. Maintenir une passion pour la science dans un tel environnement n'a pas été facile, mais le soutien de ma famille et un nouvel intérêt pour le « cerveau » pendant mes cours de premier cycle en neurosciences m'ont vite rendu irrécupérable dans ma quête de la science.

Maladie d'Alzheimer

Pour en savoir plus sur le cerveau, j'ai pris un emploi dans un hôpital neuropsychiatrique après l'obtention de ma licence. Là, j'ai pu en apprendre davantage sur l'impact débilitant des maladies du cerveau. Cela a renforcé mon intérêt pour les neurosciences et m'a conduit à l'université du Sussex, au Royaume-Uni, où j'ai commencé à travailler sur la maladie d'Alzheimer, importance maladie cérébrale qui touche plus de 40 millions de personnes dans le monde.

Trouver un traitement pour la maladie d'Alzheimer, qui efface les souvenirs des personnes atteintes, est un Saint Graal de la recherche en neurosciences. Je me suis vite rendu compte que la recherche rencontre de nombreuses dificultés : les expériences qui ne fonctionnent pas, le rejet d'un article par un journal, ou le refus d'une subvention. Mon travail a permis de découvrir un nouveau rôle pour la protéine appelée tau, liée à la maladie d'Alzheimer.

Plantes médicinales

Mais c'est le processus de recherche que je trouve très gratifiant. J'espère pouvoir un jour le mettre en œuvre en Afrique à la recherche de plantes médicinales contre cette maladie. L'Afrique a un réel potentiel dans ce domaine en raison de la richesse des ressources du continent en herbes médicinales, qui sont utilisées depuis des siècles par la population locale pour le traitement des maladies du cerveau.

Toutefois, pour stimuler l'innovation scientifique, les chercheurs en herbe doivent être encadrés et le public doit être encouragé à apprécier la science, à lui faire confiance et à la soutenir. Pour cela, j'ai fondé en 2013 un programme de sensibilisation, qui rassemble actuellement plus de 90 chercheur dans toute l'Afrique, et  que je coordonne pour inspirer la future génération de scientifiques et améliorer la compréhension de la science dans le grand public. C'est ainsi que j'ai pu interagir avec plus de 600 étudiants, et que j'ai appris que beaucoup voient l'innovation scientifique comme une chose de l'Occident, en partie à cause du manque de modèles scientifiques visibles autour d'eux ou d'histoires de héros africains des sciences.

Interagir avec des chercheurs

C'est important non seulement pour inspirer la future génération de scientifiques, mais aussi pour améliorer l'opinion du public à l'égard de la science. C'est ainsi que j'ai fondé Science Communication Hub Nigeria, qui a permis à ce jour à plus de 50 000 personnes en Afrique d'interagir avec des scientifiques et de découvrir des héros scientifiques africains, grâce à des articles scientifiques. Mon but ultime est de retourner au Nigéria pour diriger la recherche sur la maladie d'Alzheimer et, en même temps, pour inspirer des millions d'Africains qui faciliteraient l'essor de l'Afrique en tant que superpuissance scientifique.

Mahmoud Bukar Maina

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Johnson & Johnson Innovation a lancé le Champions of Science Storytelling Challenge en 2018 pour découvrir les histoires inspirantes de scientifiques et d'innovateurs qui travaillent pour faire une différence dans leurs communautés et dans le monde entier. Grâce à ce programme et à bien d'autres qui font partie de la plateforme Champions of science, ils espèrent célébrer les divers champions de la science de partout dans le monde et amener plus de gens à comprendre le rôle de la science dans notre société.

J&J a récemment mené une édition spéciale du Challenge à l'occasion de la première conférence YASE - Young African Scientists in Europe / Jeunes chercheurs africains en Europe. Mahmoud Bukar Maina a été déclaré vainqueur par un jury indépendant.

Félicitations à Mahmoud et merci à tous les participants au Challenge !

 

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