Dans un voyage à la découverte du système universitaire français, une dizaine de lycéens du Ghana ont fait halte à l’Institut Henri Poincaré de Paris. Ils y ont découvert l’univers des scientifiques.
Queue de cheval en place et t-shirt jaune sur les épaules, Jean-Philippe Uzan, directeur adjoint de l’Institut Poincaré à Paris accueillait la première S du lycée français d’Accra au Ghana. Objectif : déconstruire « l’image poussiéreuse » du chercheur. « La science, ce n’est pas juste des formules », lâche d’entrée le cosmologiste. Parfait pour capter l’attention de ce petit groupe venu découvrir les établissements post-bac français.
« Le but était de confronter l’a priori des jeunes avec la réalité du terrain, explique Sarah Demuth, professeur de philosophie et accompagnatrice. Là je pense qu’on a torpillé leur idée du chercheur. Ils leur semblaient très austères, avec cette image du scientifique enfermé dans son laboratoire, un peu autiste, désengagé du monde. »
Les chercheurs ne sont pas déconnectés
Au terme d’un visionnage de film sur la théorie de la relativité d’Einstein s’engage une discussion d’abord timide, puis franche, entre les jeunes étudiants et Jean-Philippe Uzan. Alors que les débats se centraient sur la projection, la conversation dévie rapidement sur le quotidien d’un scientifique du XXIe siècle.
Le mariage pour tous, la religion, la philosophie sont abordés. Jean-Philippe Uzan prouve aux lycéens que l’on n’est pas déconnecté de la société lorsque l’on est scientifique, et que l’on ne reste pas coincé dans sa discipline. « Nous vivons dans un monde où la science est importante, explique-t-il. Il faut que les citoyens connaissent ces sujets pour les débats sur les OGM ou les énergies par exemple. »
Une autre facette de la recherche
Et ça marche. « Je ne me faisais pas cette idée-là, avoue Théo, l'un des lycéens. Je le trouve passionnant, on a envie de prendre des cours avec lui ». Ghinwa, derrière un masque de timidité a trouvé ce qu’elle venait chercher : « J’étais intéressée par la recherche, mais je n’étais pas trop sûre avant de venir. Maintenant on sait que rechercher c’est aussi une manière de penser. On voit un peu une autre facette de la recherche. »
Du côté des moins enthousiastes, comme pour Michael, on devine malgré tout une certaine envie : « J’ai appris des choses, mais je ne pourrais pas faire ça. Mais ça ne m’a pas dégouté, au contraire ! Il a l’air tellement heureux dans ce qu’il fait que ça motive. » Un bilan qui fait sourire l’hôte du jour : « s’ils ont une meilleure image de la réalité, on peut dire qu’on a gagné. »
Même sourire chez les enseignants. « Le but de ce voyage est de trouver une orientation qui peut leur plaire. Ils travailleront mieux s’ils étudient pour eux et non pas pour leurs parents », conclue Sarah Demuth.